Des atteintes au paysage compensées
La construction de la Transjurane a engendré un certain nombre d’impacts sur l’environnement, en particulier sur la nature et le paysage. Ces impacts ont été identifiés et décrits dans le cadre des différentes Études d’impacts sur l’environnement (EIE).
Les mesures compensatoires mises en œuvre pour compenser l’impact de l’A16 sur la nature et le paysage sont de deux types : les mesures de compensation écologiques et les aménagements d’intégration paysagère.
Au total, les surfaces aménagées ou valorisées dans le cadre des compensations écologiques A16 représentent un total de 197 ha.
Ulrich Bringold, Office des ponts et chaussées du canton de Berne
Dans le passé, l’Europe a subi des catastrophes naturelles
dues à une utilisation trop intensive de ses ressources forestières.
Des déboisements massifs entraînèrent inondations,
avalanches et coulées de boues.
La Suisse n’a édicté une législation
forestière pour contrer ces phénomènes qu’en
1876. Depuis lors, la surface forestière est protégée
: si un intérêt public prépondérant tel
que la construction d’une infrastructure de transport ou l’exploitation
de ressources du sous-sol nécessite malgré tout de
déboiser un coin de forêt, une surface équivalente
devra être reboisée. Ce principe n’est plus guère
contesté ; il caractérise l’identité
de la Suisse, au même titre que le Cervin, les CFF ou l’AVS.
Ce qui est moins connu, c’est que le même principe
a été étendu, voici bientôt 20 ans, à
toute la nature. La loi fédérale sur la protection
de la nature spécifie, en son article 18, alinéa 1ter
que « si, tous intérêts pris en compte,
il est impossible d’éviter des atteintes d’ordre
technique aux biotopes dignes de protection, l’auteur de l’atteinte
doit veiller à prendre des mesures particulières pour
en assurer la meilleure protection possible, la reconstitution ou,
à défaut, le remplacement adéquat. »
Les grands projets tels que l’A16 provoquent inévitablement
des dommages à la nature. Des spécialistes sont appelés
à se prononcer sur l’ampleur de ces dégâts
attendus, dans le cadre d’une étude d’impact
sur l’environnement.
Leurs conclusions sont consignées dans un rapport d’impact,
lequel débouche sur des mesures de remise en état
de l’environnement ou de remplacement de biotopes. Ces mesures
doivent être mises en œuvre par l’auteur des perturbations,
c’est-à-dire le maître de l’ouvrage. Elles
font partie intégrante du projet, au même titre que
les chaussées, les ponts, les tunnels ou la signalisation.
Entre Roches et Court, l'A16 a commencé, secteur par secteur, à prendre forme au cours des six dernières années. Parallèlement aux travaux de construction proprement dits, de nombreuses mesures de reconstitution ou de remplacement de biotopes ont été réalisées. Certaines d’entre elles l’ont été aux abords immédiats de l’autoroute ; d’autres l’ont été ou le seront dans des endroits assez éloignés.
Exemples de mesures réalisées à proximité de l’autoroute
Lorsqu’une autoroute traverse un paysage de collines, elle
coupe des versants et franchit des vallons, créant de vastes
talus. Ces derniers ont été aménagés
comme des surfaces rudérales ou herbagères extensives
permettant d’accueillir de nombreuses plantes rares, appréciées
des insectes dont les biotopes seront ainsi étendus.
Les passages sous-route créés pour les ruisseaux seront
aménagés de telle sorte que toute une faune puisse
aussi s’en servir pour traverser l’autoroute à
l’abri.
Autre exemple, l'Aire de repos de Reconvilier, destinée aux automobilistes, elle est également accessible à pied. Les talus sont occupés par un arboretum exceptionnel, et le centre de l'aire est dévolu à un biotope regroupant divers habitats naturels précieux. Dépliant (pdf)
Entre Bure et Porrentruy (JU), afin de maintenir plusieurs couloirs de déplacement de la grande faune coupés par l’A16, trois passages à faune ont été réalisés, ainsi que l’aménagement et la plantation de bosquets, arbres et haies pour guider les animaux.

Sur le site de la Verrerie de Choindez (JU / BE), un corridor à faune d’importance nationale pour le chamois, le sanglier, le chevreuil, le lynx et la loutre a été identifié. Quant à la Birse et au ruisseau de Rebeuvelier, ils présentent une diversité aquatique élevée et une bonne qualité biologique. L’avifaune profite également de la qualité du site, alors que les invertébrés sont également très nombreux : 216 espèces ont été observées, dont 26 extrêmement rares. Les surfaces touchées par l’autoroute sont importantes avec un impact majeur sur la flore, les reptiles et les invertébrés. Pour atténuer ces effets, le concept de la demi-jonction de Choindez a été conçu avec notamment le déplacement de la nouvelle route cantonale sur la rive gauche de la Birse, en tunnel, afin de maintenir le corridor à faune. Sur le plan des aménagements environnementaux, la partie aval du ruisseau de Rebeuvelier est aménagée pour lui redonner sa confluence naturelle avec la Birse, cette dernière pouvant profiter d’un lit majeur élargi.
Exemples de mesures réalisées à
l'écart de l'autoroute
La construction de l'A16 a un impact non négligeable sur la nature : sur les ruisseaux, par exemple, dont le cours naturel est interrompu en de nombreux endroits. Plusieurs zones marécageuses sont également détruites sur le flanc nord du Montoz.
Ces atteintes doivent être compensées. En complément de nombreuses compensations locales, 3 secteurs plus vastes ont été réservés dans la Vallée de Tavannes, dont celui de La Vauche considéré ici. Dépliant (PDF)
Pour compenser la perte de nature que représente la mise
sous voûtes de ruisseaux, de nombreux autres cours d’eau
enfouis sous terre ont été remis à l’air
libre et revitalisés.
Il arrive qu’en lieu et place d’un reboisement de compensation
d’une surface équivalente, il soit plus intéressant
de revaloriser des surfaces forestières existantes : remplacement
d’une monoculture d’épicéas par une forêt
mélangée, éclaircissement et étagement
d’une lisière dense de haute futaie. Les services forestiers
ont admis ces opérations comme mesures de compensation.
La création de la décharge du Chaluet à Court
a été compensée par une mesure destinée
à soutenir le coq de bruyère ou grand tétras,
devenu rare. Sur le Montoz voisin, il reste quelques individus épars.
La mesure consiste à éclaircir la forêt progressivement,
en créant plus d’une quarantaine de clairières.
Cette mesure permettra d’améliorer notablement les
conditions de vie de cet imposant oiseau.
Une autre mesure de compensation intéressante sera réalisée
à proximité de l’ancien stand de tir de Moutier,
sur un terrain appartenant à la commune bourgeoise.
Un ruisseau et une lisière seront revitalisés dans
un but explicitement didactique. Cette opération comprend
la création de plusieurs étangs, la mise sur pied
d’un sentier didactique, la construction d’un abri pour
pique-niquer et l’érection de panneaux d’information.
Contrairement aux mesures de compensation écologiques habituelles,
les visiteurs sont accueillis ici à bras ouverts. Ce site
servira en particulier à l’enseignement de la biologie
dans les écoles de Moutier.
La partie didactique du projet sera réalisée par des
cercles privés de protection de la nature, sous la houlette
de M. J.-C. Gerber. Son financement sera assuré, espérons-le,
par des contributions de la commune et par du sponsoring d’entreprises,
au plan local et au plan régional. Tout un chacun pourra
profiter directement d’une mesure de compensation écologique
de l’A16.
Revitalisation de la zone naturelle Pré Boivin à
Moutier.
Etang forestier revitalisé et étanchéifié
dans le cadre du projet d'aménagementdu ruisseau de l'ancien stand de tir de Moutier.
Revitalisation du ruisseau de Fin L'Epine à Moutier.
Région de Delémont, site de remplacement du Colliard
Dans la région de Delémont, le site de remplacement du Colliard est un ensemble de milieux secs et humides de près de 31 ha acquis par l’État pour y effectuer une mesure de compensation. Il s’agit du plus important site de réalisation de mesures de compensation écologiques de l’A16 dans le canton du Jura.
Mesures d’intégration paysagère
La grande majorité des talus autoroutiers a été aménagée dans le but de créer des milieux naturels. Les talus situés à l’intérieur des clôtures de protection du gibier ont souvent été constitués sur des substrats maigres et ensemencés avec des mélanges grainiers fleuris ce qui limite l’entretien et favorise la flore et l’entomofaune. Les talus extérieurs ont été aménagés en vue de leur utilisation par la faune : pelouses xériques, prairies fleuries, haies, etc.
Ces aménagements présentent une plus-value écologique importante, et sont considérés comme des mesures d’intégration.
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- 100'000 m2 de talus aménagés en espaces verts, dont 35'000 m2 à l’extérieur des clôtures, ce qui constitue un attrait pour la faune sauvage.
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- 55'000 m2 de pelouses ou prairies fleuries ensemencées, dont environ 35 espèces de fleurs indigènes différentes.
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- 20'000 buissons et arbustes plantés, dont environ 30 espèces indigènes différentes.